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  • Photo du rédacteurMatthieu Herrlich

Épargne : l'heure est à la diversification

Dernière mise à jour : 3 sept. 2021

Où investir son épargne dans le contexte actuel ?


Pour Warren Buffet, maître de l'investissement "classique" dans les entreprises, il est devenu très difficile de trouver des actifs à un prix raisonnable. Tout est trop cher, la moins-value guette l'épargnant sur tous les marchés.


La poursuite de la hausse des marchés durant l'été complique la stratégie à mener pour les prochains mois afin de préserver son capital.


Passons en revue les différentes classes d'actifs.


Côté actions, les cours boursiers sont sur des niveaux élevés ; mais pas absurdement élevés étant donné les taux d'intérêt. Contrairement à la bulle du Nasdaq, indice des valeurs technologique, les valorisations actuelles reposent sur des profits contemporains bien réels.

La reprise, très vivace aux États-Unis (l'Europe suivra dans quelques mois), génère des profits nettement au-dessus du consensus des analystes. Les résultats des entreprises au second trimestre de cette année sont venus confirmer que la reprise est bien présente.

Cela s'explique par un effet de rattrapage en partie temporaire. Si on table sur un retour des profits à leur niveau pré-Covid, le marché semble un peu haut : les valorisations actuelles supposent un appétit pour le risque plus élevé que sa moyenne historique.


En même temps, la crise semble avoir débloqué la volonté et la capacité d'innovation technologique de l'économie, rendant plausible une accélération de la croissance par rapport à la croissance anticipée pré-Covid. Accélération qui, même modeste et incertaine, peut suffire à justifier les cours.


Que se passe-t-il avec la Chine ?


Largement recommandés par les sociétés de gestion en début d'année, les fonds d'investissements et les actions chinoises se sont largement retournées à la baisse durant l'été. Il faut y voir plusieurs causes, dont l'une est une séquence très instructive.


La Chine a d'abord fait le constat que le pic de reprise post-covid a été atteint. Les usines et l'activité économique ont repris à plein jusqu'à ce que les chiffres ne puissent plus être dépassés. La chute des cours de Bourse de certaines valeurs serait donc un simple réajustement.


Dans un second temps, le variant Delta a fait son retour dans un pays qui pratique la stratégie du "Covid zéro" avec un taux de vaccination assez faible. Après la découverte d’un cas de Covid, les autorités chinoises ont décidé de stopper l’activité d’un des principaux ports du pays, essentiel pour les échanges internationaux. Des retards de livraisons et une nouvelle hausse du prix du fret maritime sont attendus.


Mais la vraie cause de ce retournement des marchés financiers est ce chapelet de décisions politiques récentes prises par Xi Jinping qui interfère avec l'économie numérique. Le gouvernement a imposé des restrictions aux principales applications de soutien scolaire très répandues. Plus récemment c'est l'industrie du jeux vidéo en ligne qui est visée avec l'interdiction faite aux jeunes chinois de se connecter plus de trois heures par semaine.

Enfin le 03 septembre, Alibaba, entreprise considérée comme un "Amazon chinois", a déclaré faire don de la moitié de ses résultats à l’État (sous la forme d’œuvres caritatives) contribuant à l'effort de "prospérité commune" demandé par Xi Jinping.

Cette forte pression et ce tour de vis du gouvernement rappellent que la Chine est bien un pays dirigiste avant tout, qui utilise le capitalisme pour son développement.

Ces décisions sont aussi un moyen de freiner la bulle spéculative dans le domaine des valeurs technologiques.


Cependant, cette séquence nous intéresse car elle préfigure les prochaines vagues de démantèlement et de procès pour monopôles que préparent les instances américaines et européennes envers les géants de la tech, dans une version démocratique et lorsque la pandémie sera vraiment sous contrôle.


Pas "une" mais "des" bulles !


Dans le non-coté, la multiplication des introductions en Bourse et des créations de "véhicules d'investissement spéculatif" démontrent un certain emballement. Le niveau de valorisation des cryptomonnaies, actif dont la valeur fondamentale n'est pas évidente et sur lequel le risque de réglementation pèse très fort, dépasse la compréhension de certains spécialistes des devises. Le nombre de "licornes", start-up dont la valeur dépasse le milliard, ainsi que les levées de fonds records rappellent à d'autres les instants avant le krach de la bulle internet en 2000.


Les emprunts d'Etat, d'habitude valeurs refuges, qui constituent le plus gros stock d'épargne des contrats d'assurance-vie, sont eux aussi sur la sellette. L'inflation les menace directement : la surchauffe de l'économie va-t-elle engendrer une hausse temporaire des prix ou enclencher un cycle inflationniste ? Les politiques très généreuses des banques centrales vont-elles finir par éroder la valeur de la monnaie ?


Une partie de l'attrait des cryptomonnaies provient précisément d'une méfiance grandissante concernant la capacité des banques centrales à dire stop à l'achat massif de dette publique. Dit autrement, l'acquisition de crypto-actifs permettraient de se couvrir d'une faillite d'un État. Le dilemme est pour elles délicat : rester trop longtemps en mode « quantitative easing » réveillerait l'inflation, mais en sortir rouvrira la question de la solvabilité des États. En effet, les marges d'augmentation des impôts sont limitées, en particulier en Europe.*


Aux États-Unis, la récente communication de Jérôme Powell directeur de la Fed, la banque centrale américaine, a fait état d'une prudence mesurée sur les niveaux d'inflation avec une intention de remonter lentement les taux d'intérêt directeurs mais de maintenir les rachats d'actifs (dette publique) pour continuer à rassurer.


Les investisseurs sont fébriles. Lorsque les taux sont bas, les prix d'actifs sont très sensibles aux moindres variations d'anticipations sur l'inflation et la croissance de long terme. Des petits changements de l'opinion majoritaire font valser les prix très vite. Choisir dans ce contexte incertain un scénario de référence et s'y tenir est un réflexe naturel mais dangereux.


L'investisseur avisé doit éviter de se reposer sur un scénario unique de ce qui pourrait déterminer l'avenir. Plus que jamais, il doit diversifier au maximum ses paris.


C'est ce que nous essayons d'apporter dans nos conseils au quotidien !


Pour AJC CONSEIL PATRIMOINE

Matthieu Herrlich


* contient extraits d'un article Les Echos de Augustin Landier et David Thesmar

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