En mai dernier, les prix à la consommation ont atteint un nouveau pic annuel : + 5,2 % [1] en 1 an ! Cette hausse de l’inflation serait due à une accélération des prix de l'énergie, des services, de l'alimentation et des produits manufacturés, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques. Ce niveau atteint n’est pas anecdotique, car la France n'a pas connu un taux d'inflation supérieur à 5 % depuis l’année 1985, soit depuis plus de 37 ans ! En plus de risquer de freiner votre pouvoir d’achat, la hausse des prix va avoir des conséquences sur la gestion de votre patrimoine.
Les impacts sur vos placements financiers
Un rendement réel négatif
Un placement dont le taux de rendement est inférieur au taux de l’inflation ne vous rapporte plus rien, voire vous coûte de l’argent.
Prenons un exemple concret : 100 000 € placés à 2 %, alors que l’inflation est à 5 %, ne vous rapporte rien, et pire, vous fait perdre 3 % sur l’année, soit 3 000 € sur 1 an. Votre capital n’est ainsi plus préservé.
La hausse de taux des livrets d’épargne
Une des conséquences positives de l’inflation est l’augmentation du taux d’intérêt des livrets d’épargne. En effet, c’est tout d’abord le taux du Livret A qui va sûrement prochainement être revu. Son taux de rémunération se réfère à l’historique sur 6 mois de l’inflation et les taux d’intérêts des prêts contractés par les banques de la zone euro à court terme. Le nouveau taux ainsi calculé est communiqué au gouvernement, par le gouverneur de la Banque de France. Le gouvernement a la possibilité de prendre en compte ce nouveau taux ou de conserver l’actuel. La rémunération du livret A (et de son acolyte, le Livret de développement durable et solidaire) est déjà passée de 0,5 % à 1 % en février dernier. Une nouvelle hausse au 1er aout est probable. Les autres livrets d’épargne vont probablement suivre la même dynamique.
Le taux du Livret Jeune est librement fixé par les établissements bancaires ; néanmoins, il doit au moins être égal à celui du Livret A. Si le taux du Livret A augmente, celui du Livret Jeune va donc mécaniquement augmenter.
Quelle évolution pour le fonds en euros ?
Le fonds en euros de votre contrat d’assurance-vie ou de capitalisation représente la partie sécurisée de vos avoirs puisqu’il offre une garantie en capital de la part de l’assureur. Son taux de rendement moyen a diminué d’année en année pour atteindre 1,30 % en 2021. Cette chute devrait en théorie prendre fin avec l’inflation et surtout la remontée de taux directeurs de la Banque Centrale Européenne. À suivre…
La revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu
Le barème de l’impôt sur le revenu 2023 qui vise à taxer vos revenus 2022 devrait être revalorisé afin de tenir compte de l’inflation. Si cette pratique est courante, elle n’est toutefois pas obligatoire.
Le saviez-vous ? Le barème de l’impôt sur le revenu comporte 5 tranches d’imposition : 0 %, 11 %, 30 %, 41 % et 45 %. Plus vos revenus sont importants, plus votre taux d’imposition augmente. Eviter les effets de seuils
Si le barème de taxation n’était pas revu à la hausse, il en résulterait une hausse mécanique de votre taux réel d’imposition corrélativement au taux de l’inflation. Certains foyers, qui ne paient jusqu’à présent pas d’impôt sur le revenu, pourraient se retrouver taxés. D’autres pourraient basculer dans la tranche d’imposition supérieure.
Le projet de loi de finances 2023 devrait prévoir cette revalorisation
Le ministre de l’Economie a annoncé en juin dernier son souhait que les tranches du barème de l’impôt sur le revenu soient revalorisées, dans les mêmes proportions que l’inflation. Le projet de loi de finances pour 2023, qui sera présenté à l’automne, devrait en toute logique confirmer ces propos.
Les conséquences sur vos crédits
La hausse des taux d’emprunt
En mai 2022, le taux moyen des crédits immobiliers s’est établi à 1,38 %, avec une durée moyenne de 20 ans. Ce taux était autour de 1,10 % sur les deux premiers mois de l’année et la hausse s’est accélérée depuis mars. Néanmoins, la bonne nouvelle, c’est que la plupart des crédits accordés le sont à des taux largement inférieurs à l’inflation. Or, si vous empruntez à un taux de 1,50 % par exemple, quand l’inflation est autour de 5 %, vous empruntez en réalité à « taux négatif ». Autrement dit, vous gagnez « d’office » 3,5 % (5 % d’inflation – 1,5 % de taux d’emprunt). Reste à savoir si cela va durer…
La baisse de votre capacité d’emprunt
En revanche, tout n’est pas rose : votre capacité d’emprunt risque d’en prendre un coup. En effet, la hausse des taux d’emprunt entraîne la hausse du coût du crédit, ce qui limite de fait la capacité d’emprunt.
Explications : prenons le cas d’un ménage ayant 4 000 € de revenus mensuels. Pour respecter la limite d’endettement de 35 % des revenus fixée par le Haut conseil de stabilité financière, il faut une mensualité maximum de 1 400 €. Avec une mensualité de 1 400 €, ce ménage peut emprunter environ 305 000 € à 1 % sur 20 ans, contre environ 275 000€ à 2 % sur 20 ans, soit une perte de capacité d’emprunt de 30 000 € environ.
Cela dit, cette conséquence est à relativiser si vous avez déjà emprunté, à taux fixe. À partir du moment où votre rémunération augmente en fonction de la hausse des prix, mais pas vos mensualités de crédit, le poids relatif de vos crédits en cours au sein de vos revenus diminue. Vous obtenez ainsi une capacité d’emprunt supplémentaire.
En conclusion
Comme vous pouvez le voir, l’inflation a, certes, un impact négatif sur votre pouvoir d’achat, mais pas que ! Ce phénomène n’est pas neutre pour la gestion de votre patrimoine et il convient de faire le point afin d’en mesurer les conséquences dans votre situation. Certains arbitrages et ajustements peuvent être réalisés pour adapter notamment vos placements à la conjoncture actuelle. N’hésitez pas à nous solliciter : nous sommes à votre disposition pour vous accompagner.
[1] Selon les résultats définitifs de l’inflation publiés par l’Insee le mercredi 15 juin 2022
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